
Adaptive learning et soft skills : du sens et de l’impact
En mai 2021, le Monde titrait pour l’un de ses articles ; l’adaptive learning, une révolution dans l’enseignement ? ». Cette approche consiste simplement à adapter le contenu pédagogique au stagiaire: il est bon, on augmente de niveau, il a plus de mal, on baisse de niveau. Un peu comme pour les premiers jeux vidéo dans les années 90, avant de commencer une partie : easy – middle – hard.
MMMC, l’approche qui adapte au mieux l’accompagnement : idéale pour l’adaptive learning
Le fait donc, de mettre au cœur de la transformation des individus, la compréhension de leurs enjeux, de leurs besoins singuliers, de leurs forces, de leurs points d’améliorations et de leurs environnements, peut grandement enrichir l’expérience vécue par le stagiaire et ainsi améliorer l’impact de ce type de dispositifs.
Au-delà de ce premier niveau d’adaptation, la forme du contenu, des interactions, le canal de dialogue et l’approche pédagogique choisis, ont aussi une grande importance. Par exemple, une forme de type« conversationnelle » sera une expérience plus vivante qu’une forme de type « questionnaires descendant » ou « parcours standardisé » très répandus dans le e-learning. Egalement, le fait de corréler la thématique d’une formation à des objectifs opérationnels concrets, sera une véritable valeur ajoutée.
Le fait donc, de mettre au cœur de la transformation des individus, la compréhension de leurs enjeux, de leurs besoins singuliers, de leurs forces, de leurs points d’améliorations et de leurs environnements, peut grandement enrichir l’expérience vécue par le stagiaire et ainsi améliorer l’impact de ce type de dispositifs. Pour faire une analogie avec une formation ou un accompagnement en présentiel, il faudrait imaginer un formateur qui puisse, en plus de s’adapter en temps réel à la demande de chaque stagiaire, intervenir au meilleur moment, de la meilleure manière avec les meilleurs types et formes de contenus. Par exemple avec un style direct ou plutôt empathique, avec des images ou des schémas, de la vidéo ou de l’image, en fonction des types de profils de stagiaires. Résumons cette approche par l’acronyme: « Meilleur Moment, Meilleure Manière et Meilleur Contenu : MMMC ».
L’adaptive learning prend tout son sens aujourd’hui, que ce soit pour les étudiants ou les collaborateurs, car les technologies et le contexte ont beaucoup changé depuis les années 50 (date de la première « machine à apprendre » du chercheur Burrhus Frederic Skinner). Dans le monde professionnel, les carrières sont de plus en plus riches. Un collaborateur est susceptible de changer plus de 5 fois d’employeur, quand il ne devient pas freelance ou son propre patron. Au-delà des changements d’entreprises, les missions peuvent également être très variées. Elles peuvent changer rapidement au gré des crises, des avancées sociétales ou technologiques et ce au sein d’une même organisation.
Quand la formation s’adapte autant, comment assurer un fil conducteur et plus de confort au stagiaire ?
Ces soft skills sont donc des constantes, que nous allons retrouver de manière régulière, tout du long d’un parcours professionnel, et ce malgré les changements de missions et de métiers.
Dès lors, qu’est-ce qui peut assurer aux dispositifs d’adaptive learning, une forme de stabilité quand les programmes, les parcours, les niveaux, les objectifs changent aussi régulièrement? Dans un environnement professionnel et d’apprentissage instable, les soft skills ( compétences comportementales comme l’empathie, l’écoute active, la flexibilité, l’audace, etc.) sont une des constantes qui peuvent assurer une assise, un fil d’Ariane rassurant et nécessaire au bon développement des collaborateurs.
Les soft skills sont limitées (nombre compris entre 4 et 50, qui varie selon les modèles théoriques) et sont plus ou moins utiles en fonction des différentes missions et métiers. Fait intéressant, on peut retrouver les mêmes soft ski lis, comme l’écoute ou l’assertivité (capacité à s’affirmer avec bienveillance), dans des missions sensiblement différentes. Ils sont utiles à la chefferie de projet et la vente en magasin physique ou encore la négociation commerciale à haut niveau. Ces soft skills sont donc des constantes, que nous allons retrouver de manière régulière, tout du long d’un parcours professionnel, et ce malgré les changements de missions et de métiers.
Les mêmes soft skills à différents moments d’une mission ou d’un parcours professionnel
Dans son parcours d’adaptive learning, il retravaillera donc régulièrement les mêmes soft skills quand les méthodes et les outils changeront, en fonction des objectifs et des missions qu’il aura à accomplir.
Comment intégrer les soft skills à l’adaptive learning ? Il y a plusieurs possibilités. L’une d’entre elles est la suivante: corréler les soft skills et le contenu proposé aux objectifs opérationnels. Par exemple, Albert doit réaliser une présentation devant le comité de direction dans deux semaines. Il a besoin d’avoir plus confiance dans sa capacité à communiquer devant un public.
Deux soft skills sont corrélées à cet enjeu: « la confiance en soi » et « la communication en public ». Quelques semaines plus tard, il apprend qu’on lui confie un nouveau projet. 11 doit à présent négocier avec différentes parties prenantes dans un environnement contraignant. Il va donc avoir besoin de mieux« écouter», de mieux« exprimer ses besoins » à chaque interlocuteur mais aussi d’avoir la « confiance » nécessaire pour défendre sa vision du projet. La confiance est une soft skill que l’on retrouve pour ces deux missions, à priori assez différentes. Elle constitue donc un lien, une continuité, dans le parcours de développement et de formation d’Albert.
Afin d’accompagner le développement de ces soft skills, nous pouvons imaginer différents quizz d’évaluations, le partage du retour d’expérience de pairs ou encore des contenus d’entraînements et de mises en situations concrètes et adaptés à son niveau. En parallèle de ces contenus, Albert peut bénéficier d’un accès à des méthodes et des outils qui lui permettront de développer de nouveaux savoir-faire comme « écrire un pitch » ou « avoir une liste de questions types, des techniques de questionnement et de reformulations » à utiliser afin de mieux interagir avec ses interlocuteurs. Il retravaillera donc régulièrement les mêmes soft skills quand les méthodes et les outils changeront, en fonction des objectifs et des missions qu’il aura à accomplir.
Adaptive learning : aller plus loin grâce aux technologies, aux algorithmes et à l’IA
Nous avons à présent ce fil d’Ariane constitué autour des soft skills. Mais que peut-on réaliser de plus avec cette approche? C’est tout l’objet de notre travail chez karli solutions. Nous avons co-fondé cette startup il y a un peu moins de deux ans. Nous avons développé un prototype afin de proposer concrètement notre vision du futur de la transformation.
Voici donc quelques exemples de ce que nous sommes en train d’implémenter dans notre solution :
- Tout d’abord, la possibilité d’évaluer les soft skills et de suivre leur évolution de manière régulière. Ceci est impossible aujourd’hui avec les types d’assessments et d’évaluations qui existent (Process Cam, Dise, MBTI, etc.) et qui sont destinés à un usage ponctuel unique. Cette approche au fil de l’eau permet de constater en temps réel les impacts des décisions, évènements managériaux, de formation ou externes à l’entreprise, sur les comportements des collaborateurs. Par exemple lors de l’intégration d’un nouveau partenaire ou lors d’une fusion, quel est l’impact précis sur les équipes et métiers ? Sont-ils enthousiastes ? Communiquent-ils plus ou moins ? Sont-ils stressés ou anxieux ? Etc.,
- Également la possibilité d’avoir accès aux corrélations entre différentes dimensions, comme la performance opérationnelle, le bien-être et les soft skills. Si le bien-être diminue, quels soft skills cela fait-il augmenter ou diminuer ? Si le bien-être s’améliore, cela augmente-il la résilience ou la « créativité » (capacité à innover des équipes) ?
- Enfin, la possibilité de générer des résultats prédictifs à moyen et long terme, tant pour les collaborateurs que pour l’entreprise et ses entités. Grâce à des algorithmes utilisant des modèles statistiques adaptés, et enrichis des données récoltées de manière anonyme par la solution, la possibilité d’écrire des scenarios d’évolution du bien-être, des soft skills et de la performance opérationnelle devient réelle.
Les soft skills peuvent donc être au cœur des parcours de formation, d’accompagnement et de transformation des entreprises mais également permettre un pilotage innovant des organisations et des carrières dans le cadre de l’adaptive learning.
Article écrit par Selim SAADI, CEO de karli solutions, initialement publié dans le MAG RH “Numéro 16 – TECH & LEARN – FEVRIER 2022”.